Friday, April 23, 2010

La nuit a tort (2010)

Le jour s'est levé (Téléphone)
revisité par byol
Cette nuit imposée   

Souvenir étranger   

Que l'on vit et pas rêvé

Ce matin nous rappelait

des bébés enlevés

Plein d'anxiété

Si nos coeurs se soulèvent

Qu'ils doivent s'en aller

Oublier

Comme la vie avançait

En nous on doutait

Si endormis, on se lève

On a tout refoulé

Quand cette nuit allongée

On a réalisé

Que ce n'était pas une trêve

Que notre réalité

Vous êtes ici pour croire

Rien d'autre à vouloir croire.

Croire que l'on sauve ce soir

Pour qui veut savoir

Mensonge levé

Sur notre délaissé.

Qu'a-t-on donc évité ?

Qui nous est enlevé

Oui, mensonge arrangé

Tout est décoloré

A-t-on donc pardonner ?

Que la nuit nous a soufflée

Et ils ne veulent pas y croire

Que nous autres à vouloir

Croire qu'une vie sans pourboire

Et qu'elle déjà en vaut

Déjà l'taux



Mais bien trop haut

À vous de voir

À vous de croire

Ces vies détournées

Sur cette belle réalité

La vie n'est qu'une soirée

Et la nuit qu'une mort

Sans vie détournée

Que si la vie a tort

Monday, January 25, 2010

romance

elle c est un elle,
lui c est une lui,
elle c'est une lui,
lui c 'est un elle,
mais quelle importance,
tant qu'il y  romance.

(c) 2010 star-kim
montreal

cher père

Cette année tu fêteras tes 70 ans.
Et notre volontaire séparation
Sans doute due à notre obstination
Depuis bien trop longtemps.

J’aimerais me souvenir du mieux
mon année première
en terre étrangère…
Sentiment de bonheur insoucieux

Et de un et de deux et de trois
Était-ce assez pour toi !
Et de quatre pourquoi ?
Était-ce trop pour toi ?

Au début tu nous as amené voir un Walt Disney,
tu nous as cuisinés des spaghettis qu’on a apprécié
Caddy hebdo de boîtes de conserves et surgelés
Tu restes à table et tu finis ta purée !

Et souvent sur ton autre fille tu criais…
agaçante et bruyante tu disais.
Moi j’étais la fille à papa
Pour un an c’est déjà ça

Tu disparaissais
tu revenais 
et sans doute
oui plus jamais.

T’évadais-tu d’être toi-même père,
ayant construit une famille composée
par défaut d’ovaires défectueux.
Était-ce le poids de responsabilités
Signe extérieur de richesse lêchée
de nouveaux riches nouveaux jeux.

Tu m’as dit que je ne plairais pas.
Je me souviens et tu as souris !
C’était un dimanche après-midi,
Mais ta vie ne te plaisait pas.

Était-ce pour mon bien ?
ou pour te rendre heureux ?
Était-ce pour ton bien ?
Et mon égo doute, je peux?

Questions restées sans être posées
Parce que nous n’avons jamais osé.
Peut-être parce que nous nous ressemblons
avec notre égo mal place et notre obstination.

De modèles masculins
Je n’ai pas que le tien
De modèles féminins
J’en ai un trop plein

La lesbienne que je suis
a bien d’autres soucis
que mon identité queer
te fais peut-être sourire ?

© Mihee Nathalie Lemoine,
montréal janvier 2010

Monday, August 24, 2009

Je ne suis pas étrangère.... (2009, Montréal)

Européenne je suis,
Sud-coréenne,
Nipponne aussi !
Oh Canadienne...

Revenir, partir,
rerevenir, repartir.
Pourquoi partir,
revenir, déguerpir...

Personne de cet univers,
de cette chère terre.
Je ne suis pas étrangère,
je suis de cette terre.

Anxiété dans le corps,
comme si j'avais tort.
L'envie de vivre ailleurs...
Au prix de cette peur.
Cette routine frontalière,
Où l'on me dit étrangère.

(c) 2009 mihee-nathalie lemoine

Entêtée (2009, Montréal)

Désirée ...
Sans doute...
Déplacée
Je rajoute
Éloignée, séparée
pour leur verbe "aimer"
Re:marquée
Mon jaune coloré
marques foncées
Entêtée
Repartir, retrouver
ce passé décomposé

Wednesday, April 8, 2009

je tu elle (2009, Montréal)

je dis adoptée
tu dis sauvée
elle dit volée

je dis vendue
tu dis voulue
elle dit perdue

je dis partir
tu dis retenir
elle dit souvenirs

je me dis
libre
tu te dis
vibre
elle se dit
bribes

(c) 2009 kimura byul

Tuesday, March 31, 2009

Sentiments (2009, Montréal)

on aurait pu dire
colonisation... rire
importée, au pire

sourire décolonisé
disons déportée
aurais-je osé

mentir
me sentir
sans soupir

sourire mensongé
se sentir dépatriée
pouvons-nous respirer

(c) 2009

Monday, March 30, 2009

100 (sans) coeurs blancs

peau
colorée
dans leur tête

coeur
blanchi
mais à part

seule
debout
sur ce drapeau

peau
jaune
rouge ou foncée

larmes
soumises
dans mon cerveau
dans l'arc-en-cielé
du drapeau
de l'oubli

(c) 2009 Kimura Byol

Wednesday, April 30, 2008

Désadoption (2008, Montréal)

avouerai-je, dis papa
ce qui cause mon tracas
tu me dis que mon agence
d'adoption point ne vous ment
par la rumeur surprenante
que tu dis préoccupante :

de deux familles appartenantes
par le bon sens tu me commandes
L'annulation de l'adoption
que cela est ta solution
à vous disais-je papa
omma-deul (mères)
appa-deul (pères)
isseulka ? (Seront)

(c) 2008 Mihee-Nathalie Lemoine

Tuesday, September 25, 2007

Hi Bridée (2007, Montréal)

je tu il elle
nous vous ils elles

moitié d'un tout
de l'autre bout
du monde...
à la ronde

débridée
non
javelisée
oui
multi-culturisée
mais
à la risée

d'une enfance
appartenance
d'ailleurs
meilleurs

bridée
oui
déculturisée
non
dans la foulée
mais
appréciée

du monde
quiconque

adulte
silence insultes
rageur
d'ailleurs

le tout d'une moitié
du bout à envier

moi toi eux
oui ça va mieux

(c) 2007 Mihee-Nathalie Lemoine

Thursday, April 1, 2004

Saviez-vous....

Saviez-vous
que j'ai du
tourner ma
tête, mon coeur
et mon dos

pour oublier
que ma vie
est juste à
gagner un

équilibre entre
mon passé et une
raison de vivre
une vie heureuse.

Thursday, January 1, 1998

Ici et là-bas (1998, Séoul)

Pour avoir entendu combien de fois
"Oh, comme vous parlezbien français !"
Là-bas

Pour avoir entendu trop de fois
"Pourquoi ne savez vous pas parler coréen ?"
Ici

Pour n'y avoir jamais vraiment pensé...
L'évidence ne S'inscrit pas sur mon visage
Là-bas

Un son, un mot et une multitude d'idées
Viennent se dessiner dans mon paysage
Ici

Abstrait et particulier... à multiplier
La guerre des mots... à effacer
C'est ça

L'idée est passée
Liberté


(c) 1998 mihee-nathalie lemoine

Monday, August 25, 1997

Adaptable (1997, Séoul)

Laissable
à cause d'un père
irresponsable
à statut légal
inaccessible
seule, une mère
confucéenne
société

Trouvable
à cause de ma mère
suffisamment sensible
de mon futur
une note lisible
avec fureur
pas si sûre
désolée

Adoptable
écrit sur mes papiers
semble crédible
mélange
pour eux possible
en somme meilleur
qu'un non mélange
mon histoire

Adaptable
jaune mieux
trop visible
que la couleur locale
dans une jungle humaine
guerre de sentiments
un Mowgli moderne.

(c) 1997 mihee-nathalie lemoine

Saturday, January 1, 1994

Auto-portrait (1994, Séoul)

J'ai vingt ans et je m'appelle Mihee
Petite, j'ai changé de pays
J'ai grandi et j'ai fait ma vie
Je suis heureuse...

J'ai vingt-cinq ans, et je m'appelle Nathalie
Adulte, j'ai rechangé de pays
J'ai ma vie et je l'ai choisie
Je suis heureuse....

J'ai trente ans et on m'appelle Cho-ssi
Maintenant que je reste ici
J'ai choisi, j'ai à faire ma vie
Je suis soucieuse....

De ces trois identités
Laquelle vais-je garder
Laquelle va rester
Laquelle sera vérité ?

(c) 1994 mihee-nathalie lemoine

Saturday, June 1, 1991

À défaut (1991, Bruxelles)

À défaut de l'avoir rencontrée
J'imagine ce qui aurait pu se passer
Je me fais mon cinéma
Tout me semble être possible
Dans le domaine de la réalité

Ma mère, celle de là-bas
Je ne la verrai sans doute jamais
Je ne la rencontrerai jamais
Elle vit dans mon esprit

Est-ce que ça me suffit
Ça me suffit de croire que
Je serai dans la même pièce
Peut-être sans le savoir
Peut-être sans qu'elle le sache

Friday, August 25, 1989

Comme si tout pouvait être rattrapé (1989, Bruxelles)

Je la regarde s'asseoir.
Je sais qu'elle est venue pour moi, juste pour moi.
Comme si cet instant allait tout rattraper.

Elle s'assied en tailleur, je l'attendais pour une fois.
Gênée ou mal à l'aise, elle baisse les yeux.
Elle me demande de s'expliquer. Pourquoi pas ?
Comme si ces cinq minutes allaient tout rattraper.

Elle relève son regard et m'observe.
Je baisse les yeux, mal à l'aise, pourtant je ne suis pas fautive.
J'ai peur de trahir mon émotion. J'ai envie de lui dire...
toute la haine mûrie pendant toutes ces années.

Elle a envie de me dire peut-être combien elle regrette,
combien elle n'avait pas voulu le faire mais il le fallait.
Elle parle dans le vide de n'importe quoi. Elle m'étpnne.
Elle vit, elle a vécu pendant tout ce temps.
Elle s'arrête et me dit tout bas que j'ai changé,
qu'elle est contente de me voir.
Comme si toutes ces paroles allaient tout ratttraper...

Je souris, je la fixe pour qu'elle ne me regarde plus.
Je lui demande ce qu'elle a fait pendant tout ce temps-là.
Elle s'empresse de me dire que vu les circonstances,
c'était la seule solution à choisir.
Elle ne me répond pas à la question.
Je l'écoute parler maladroitement.
Elle est perdue. 'émotion l'a prise.
Je détourne les yeux vers la fenêtre.
Comme si cela pouvait tout soulager...
Elle me dit qu'elle est mariée.
Elle ne me dit pas si elle a des enfants.
Je n'ose pas le lui demander.

Elle me demande ce que je fais, si je suis heureuse.
Je luis réponds que c'est bien mieux sans elle.
Elle me regarde. Elle a le regard qui me fait pitié.
Comme si cela pouvait tout rattraper...

J'en suis gênée. Elle a gagné.
Elle éclate en sanglotys, cache son visage,
me demande pardon... j'ai gagné !
Comme si cela pouvait tout rattraper.

(c) 1989 mihee-nathalie lemoine

Thursday, August 25, 1988

Maman très chère (1988, Bruxelles)

Vous dire que j'ai beaucoup pensé à vous et à votre pays.
Vous dire qu'ici en Belgique, on ne vous connaissait que très peu.
On vous savait pays du Matin Calme, pays du trente-huitième parallèle,
Ensuite ce fut le pays d'où venait trop d'enfants en adoption.
Après le pays du taekwondo pour les initiés.
Pays des "mangeurs de chiens" pour les "trente millions d'amis".
Oh scandale ! notre étiquette est salie. Enfin reblanchie avec les Jeux Olympiques.

Vous dire que je me sens coréenne avec les Occidentaux et occidentale avec les Asiatiques.
Vous dire que je ne regrette pas d'être partie.
Que j'ai eu la chance, la seconde, peut-être celle que vous espériez pour moi ?

Vous dire qie j'aurais préféré avoir les yeux moins bridés et les cheveux plus clairs et ondulés,
mais en fin de comte prendre parti de mon physique d'asiatique...
parfois c'est utile.

Vous dire que l'apathie des Belges a déteint sur moi.
Que mon asiatude sent les frites et que ma belgitude goûte le gimchi.

Vous dire enfin que je partirai comme je suis venue,
mais pas chez vous, ma mère, surtout pas chez vous.

p.s. À mes géniteurs, à mes parents.


(c) 1988 mihee-nathalie lemoine